Tradition des liqueurs de Gap et des montagnes de Gap :
la pétafouère et le génépi



Pétafouère et génépi en cours de macération  génépi noir, artemisia spicata
G: "Pétafouère" et génépi en cours de macération alcoolique - D: 5 grammes d'artemisia spicata sec, qsp 1 litre de génépi

L'allocation en franchise de 10 litres d'alcool pur (1 000°), communément qualifiée de privilège du bouilleur de cru, créée par l'article 3 de la loi du 28 avril 1923, fut supprimée par l'ordonnance du 30 août 1960. A cause de leur altitude, les Hautes-Alpes n'étaient pas très riches en vigne, mais on bouillait des fameux alcools de fruits (alcools blancs toujours produits).

Par macération dans l'alcool de plantes ou de fruits, on fabriquait aussi des liqueurs traditionnelles auxquelles on prêtait des vertus, par exemple le génépi soulagerait dans les cas de manque d'appétit, asthénie, règles. De tradition orale, la pétafouère, dite la pèt', serait radicale pour combattre ce que son étymologie en occitan alpin indique : petar (péter) et foerar (avoir la ch... , la colique), fort imagée, donc ! Le goût est très agréable.

La pétafouère se fabrique simplement en faisant macérer [version 1] de 250 g à 300 g de fruits mûrs (noirs, doux-amer) du merisier (prunus avium) ou après écoute d'autres descriptifs oraux, [version 2] la même quantité de fruits du putier - merisier à grappes - , un arbrisseau (prunus padus),dans une quantité suffisante d'eau de vie à fruits pour un litre (ou mieux dans 500 cm3 d'alcool neutre - éthanol médical (voir toutefois l'article du Dauphiné Libéré du 22/08/2009 mais surtout la réglementation rappelée par l'Ordre national des pharmaciens) - à 90 %... puis on complète au litre après quelques mois de macération). On en met quelques gouttes sur un sucre, par exemple. La version 2 (prunus padus) est certainement la plus juste de la tradition (voir l'article du Dauphiné Libéré du 20/07/2009.

Pour élaborer la liqueur de génépi, la tradition locale multiséculaire disait et dit "40 brins, 40 jours, 40 morceaux de sucre" (pour un litre). Les bons liquoristes de la région utilisent la macération de 5 grammes de plante sèche par litre, de génépi noir (artemisia spicata) ou de génépi jaune (artemisia mutellina). Exemple de fabrication : macération de 5 g de plante sèche dans 500 cm3 d'alcool neutre à 90 %, pendant quelques mois ou plus, puis complément au litre avec un sirop sucré selon le goût, pour une liqueur traditionnelle digestive titrant finalement 45 % d'alcool.

NB - Respectez toujours la nature. Ne cueillez que des baies et des plantes que vous connaissez vraiment bien. La cueillette des espèces de génépi est réglementée (voire interdite dans certains lieux, dans le PNE notamment, une réglementation un peu assouplie dans certaines conditions précises à respecter impérativement). Elle se fait dans des terrains souvent périlleux et dangereux car rocheux instables (des accidents et décès chaque année, même chez des montagnards aguerris) mais il s'en vend du cultivé en altitude. Etiquetez toujours soigneusement vos bouteilles et conservez les hors de portée des enfants.

Conclusion avec le "message de caractère sanitaire" prévu par l'article L3323-4 du Code de la santé publique, transposition de l'article 10 de la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 dite loi Evin (voir les dispositions en Europe) :
« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération »



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© 2008 - Anima Gap - présentation à titre documentaire du patrimoine et de la culture traditionnels - merci à André Faure pour les sources en occitan alpin - révisions les 24/06/2009, 20/07/2009, 11/11/2009 (réglementations) et 15/07/2010 (réglementation et liens)